Grand écran: "Patients", un récit à hauteur de fauteuil pour réapprendre à vivre (28/02/2017)

aaaapatients.jpgGrand Corps Malade, de son vrai nom Fabien Marsaud, a écrit en 2012 Patients, un livre sur l’accident qui l’avait paralysé en 1997, avant de pouvoir après de longs mois retrouver l’usage de ses mains et de ses jambes. Mais il devra toujours se servir d’une béquille.

Aujourd’hui il en a fait un film, au titre éponyme. En se replongeant dans la période la plus noire de son existence, Grand Corps Malade devait seulement écrire le scénario. Finalement il a décidé de coréaliser l’adaptation de son autobiographie avec son ami Medhi Idir, auteur de tous ses clips et de courts métrages.

Les deux compères n’abordent pas le parcours artistique du célèbre slameur mais, fidèles au livre, se concentrent, sur la description d’une année de rééducation. Il ne s’agit donc pas d’un biopic dans la mesure où l'histoire pourrait être celle de n’importe quel jeune de 20 ans victime d’un grave accident.

On découvre donc Ben (Pablo Pauly), un passionné de basket qui, à l'instar de Fabien à l’époque, a perdu l’usage de ses jambes après une chute dans une piscine à moitié pleine et ne peut plus marcher, se laver, s’habiller. Arrivé dans le centre médical dont il découvre la dure réalité, il rencontre surtout une étonnante galerie de personnages, comme lui lourdement handicapés. Entre souffrance et patience, idées suicidaires et résistance, engueulades et éclats de rires, vannes potaches, larmes et même une petite idylle, ces corps brisés vont tenter ensemble de réapprendre à vivre.

Entièrement tourné dans le centre, Patients montre sans fard le quotidien éprouvant, cru des handicapés sans la moindre autonomie, et le dévouement ceux qui les soignent. Cela donne une comédie sociale vue à hauteur de fauteuil, à la fois pédagogique, émouvante, drôle, pleine d’un humour souvent trash et d'autodérision féroce. C’est aussi le récit d’une renaissance collective qui fuit le documentaire édifiant et ne tombe jamais dans le sentimentalisme, le pathos. Un petit exploit.

Performance des comédiens

«Nous avons beaucoup travaillé en amont pour avoir le recul nécessaire. Nous avons évité à chaque fois de grossir le trait et en même temps de ne pas nier la difficulté de la vie de ces gens sans noircir le tableau », expliquent les deux réalisateurs à l’occasion d’un passage à Genève.

Il faut également saluer la performance des comédiens, en immersion dans un vrai centre de réadaptation pendant sept mois. «Le casting a été un enjeu majeur. On a vu près de 400 personnes. On ne voulait pas des têtes connues pour que les personnages, qui ont tous existé, soient le plus crédibles possible. Aucun d’eux n’est handicapé, ce qui leur a demandé un effort physique incroyable. Par ailleurs, la soixantaine de figurants sont de vrais patients du centre.»

Ce premier long-métrage a donné des idées au tandem. «Medhi et moi on se connaît depuis douze ans On est les meilleurs potes On est tout le temps ensemble, on a tout fait ensemble On a envie de refaire un film ensemble. A partir d’un sujet qu’on connaît bien… »

A l'affiche dans es salles de Suisse romande dès mercredi 1er mars.

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