Grand écran: de "Carol" à "Mademoiselle", mes films préférés de 2016 (31/12/2016)
Les salles obscures ont fait recette cette année. Notamment grâce au succès de films d'animation de Disney. Dont Vaïana et l’irrésistible Zootopia, évoquant une adorable lapine qui, intégrant la police comme elle en a toujours rêvé, se rend rapidement compte qu’il ne va pas être facile de s’y faire une place… L’opus fait partie de mes préférés de l‘année. En voici quelques autres :
Carol, de Todd Haynes
Cette histoire, adaptée du roman de Patricia Highsmith The Price Of Salt, publié sous le pseudonyme de Claire Morgan, raconte un coup de foudre interdit dans l’Amérique puritaine des fifties, Carol (Cate Blanchett), une riche newyorkaise malheureuse dans son mariage, rencontre Thérèse (Rooney Mara), jeune et timide vendeuse d’un grand magasin à Manhattan. Thérèse est subjuguée par la beauté, la liberté, la classe folle de cette femme plus âgée. Des regards, quelques mots, une paire de gants oubliée et c'est l'étincelle. Elles se revoient et vont tomber follement amoureuses. Todd Haynes bouscule les normes d’une société corsetée en surfant sur les différences sociales et sexuelles, en compagnie de deux brillantes comédiennes.
Elle, de Paul Verhoeven
Michèle, chef d’entreprise autoritaire, gère sa vie sentimentale et ses affaires d’une poigne de fer. Et puis un jour, elle se fait violer dans sa maison. Chassant le traumatisme, elle refuse résolument de subir et décide de traquer son violeur en retour. Un jeu glauque et dangereux va s’installer entre eux. Pour incarner Michèle, Paul Verhoeven a choisi Isabelle Huppert. Inébranlable, glaçante, vénéneuse, elle prend le contrôle, passant de victime à prédatrice. Provocant, sulfureux, transgressif, attiré par la violence, l’amoralité et l’ambiguïté, le cinéaste nous plonge dans une réalité dingue, malsaine, tordue, avec ce thriller noir, féroce, où règnent sado-masochisme, vengeance et paranoïa de personnages pervers et névrosés.
Paterson, de Jim Jarmush
Conducteur de bus, Paterson, incarné par Adam Driver, écrit des poèmes dans un carnet dont il ne se sépare jamais. Des textes courts naïfs, principalement inspirés par son amour inconditionnel pour Laura, sa compagne, (Golshifteh Farahani). Avec leur bouledogue Marvin, ils vivent, dans une maison modeste, une existence à la fois ordinaire et unique, rassurante et ultra ritualisée. Ils sont follement heureux au sein de ce cocon domestique, jusqu’au jour où un grain de sable fait figure de cataclysme dans cet océan d'harmonie… Une comédie singulière, cocasse, pleine de poésie, de grâce et d’émotion, portée par d’excellents comédiens.
Spotlight, de Tom McCarthy
En 2002, le Boston Globe révélait un scandale sans précédent au sein de l’Eglise, dénonçant un réseau de prêtres couverts par leur hiérarchie, puis par la police, le pouvoir et les associations catholiques, alors qu’ils s’étaient rendus coupables d’abus sexuels sur des mineurs pendant des décennies. La vaste enquête sur ces pédophiles a été menée par une équipe de la rubrique investigation du Globe baptisée Spotlight. Une tâche particulièrement délicate et difficile pour les journalistes dans une ville à majorité catholique, où tout a été entrepris pour leur mettre des bâtons dans les roues. Mais les reporters ne lâchent pas le morceau. Cela leur vaudra le prix Pulitzer et provoquera une vague de révélations dans le monde entier. Un thriller captivant, efficace et édifiant.
Quand on a 17 ans, d’André Téchiné
Le réalisateur explore l’un de ses thèmes favoris, les brûlures de l’adolescence. Mettant en scène deux garçons qui se déchirent et ont du mal à assumer leur attirance, ce brillant cinéaste des sentiments les observe se découvrir avant de s’aimer, entre rage, rejet et désir. Damien (Kacey Mottet Klein), vit avec sa mère médecin Marianne (Sandrine Kiberlain), dans une petite ville pyrénéenne. Au lycée il entre violemment en conflit avec le beau Tom (Corentin Fila) dont la mère adoptive est enceinte. Par prudence, Marianne l’envoie à l’hôpital et accueille Tom à la maison. Cela ne plaît à aucun des deux ados qui, à fleur de peau, ne cessent pourtant de se chercher pour mieux se repousser avec colère. Des affrontements annonciateurs d’une passion que l’on pressent dès les premiers regards échangés,
Baccalauréat de Cristian Mungiu
Médecin quinquagénaire, Roméo, convaincu qu’il n’y a plus d’avenir en Roumanie après y être revenu plein d’espoir en 1991, s’est démené pour que sa fille Eliza soit acceptée à l’Université de Cambridge. Il ne lui reste qu’à passer son bac, une formalité pour cette élève modèle. Mais Eliza est agressée sexuellement et le drame risque de remettre en cause non seulement sa bourse pour l’Angleterre, mais aussi la vie de Roméo qui a tout misé sur elle. Intensément frustré, il accepte l’aide d’un malade influent en vue de corrompre le correcteur des copies. Le piège se referme, c’est l’engrenage. Entre culpabilité et rédemption, le réalisateur se livre à un examen passionnant et impitoyable de nos sociétés.
Ma Loute de Bruno Dumont
Eté 1910, Baie de la Slack dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. Au cours de leur enquête, l'improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy mènent l'enquête, façon Laurel et Hardy. Ils se retrouvent bien malgré eux au centre d'une étrange et dévorante histoire d'amour entre Ma Loute, fils ainé d'une famille de pêcheurs aux moeurs très particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents. Avec Fabrice Luchini, Valeria Bruni Tedeschi et Juliette Binoche pour des scènes burlesques, saugrenues, déjantées et jubilatoires.
Sully, de Clint Eastwood
Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar
Comment et pourquoi une jeune fllle, aujourd’hui, peut avoir envie de partir en Syrie? C’est ce qu'explique Le ciel attendra en mettant en scène deux d'entre elles. Mélanie 16 ans et Sonia.17 ans, piégées par Daech. Marie-Castille Mention-Schaar propose un film intelligent, lucide, indispensable, très bien documenté, analysant ce moment où les ados sont contre tout ce qui représente l'autorité. Parallèlement, la réalisatrice explore l’intimité et la psychologie de deux filles qui ont basculé, ou vont le faire, dans le fanatisme. Sans oublier la douleur des parents qui s'en veulent terriblement de n'avoir rien vu venir.
Juste la fin du monde, de Xavier Dolan
Pour son septième film, le prodige québecois a choisi d’adapter une pièce de Jean-Luc Lagarce. Jeune auteur à succès, homosexuel intello plein de douceur, Louis n’a pas revu sa mère, sa sœur et son frère depuis 12 ans. Gravement malade, il revient chez les siens pour leur annoncer sa mort prochaine. Et ne cessera de chercher le bon moment pour le faire. Mais il recule à chaque fois face à ces gens qui le noient sous les reproches, l’accablent de leur amertume et de leur amour.. Un huis-clos théâtral familial asphyxiant, à la fois bouleversant et exaspérant, où tout le monde a envie de déballer ce qu’il a sur le cœur, mais ment pour éviter de parler de la vraie raison du retour de Louis. Avec Gaspard Ulliel, Nathalie Baye, Vincent Cassel, Léa Seydoux et Marion Cotillard.
Snowden, d’Oliver Stone
Le réalisateur engagé, critique sans concession de la puissance politique et économique des Etats-Unis, retrace le parcours d’un jeune ingénieur en informatique, patriote idéaliste fier de servir son pays en ralliant la CIA et la NSA. Mais qui, taraudé par sa conscience en se rendant compte de l’ampleur de la cyber-surveillance de ces organisations, est devenu l'un des lanceurs d’alerte le plus célèbre de la planète. Une décision menant à une question cruciale. Faut–il sacrifier la liberté au profit d’une sécurité aléatoire? Le passionnant thriller politique d’Oliver Stone permet aussi de découvrir, derrière le crack informatique qui a tout perdu, sa vie privée et son histoire d’amour. Dans le rôle d’Edouard Snowden on découvre un formidable Joseph Gordon-Levitt.
The Danish Girl, de Tom Hooper
C’est la singulière histoire vraie des peintres danois Gerda Wegener et Lili Elbe, née Einar Wegener, le premier à voir subi, en 1930, une opération chirurgicale pour changer de sexe. A l’origine de cette décision, une demande de Gerda qui, pressée de terminer un tableau en l’absence de son modèle, prie son mari d’enfiler ses bas, ses chaussures et sa robe. Le couple, qui poursuit sa relation amoureuse, est rapidement confronté à l’opprobre et aux interdits d’une société conservatrice. Tous deux quittent le Danemark pour Paris en 1912. En 1930 Lilii se rend en Allemagne pour son opération. Mais les dangers de la chirurgie étant alors très élevés, elle meurt un an plus tard. Eddie Redmayne se glisse avec talent dans la peau du personnage.
L'économie du couple, de Joachim Lafosse
Après 15 ans de vie commune, Marie et Boris ont décidé de se séparer. Problème, c’est elle qui a payé la maison et lui qui l’a rénovée. Dans l’impossibilité de se loger ailleurs faute de moyens financiers, Boris est obligé de cohabiter avec son ex-compagne et leurs jumelles. Mais Marie veut qu’il parte. Elle déteste tout chez lui et se demande comment elle a pu l’aimer. C’est l’heure des engueulades monstres et des règlements de compte impitoyables. A la fois psy et ethnologue, Joachim Lafosse a tapé très juste au long de son étude de comportement aussi intelligente que subtile.
Victoria, de Justine Triet
La réalisatrice Justine Triet dévoile brillamment ses obsessions en évoquant les démêlés d’une avocate pénaliste. La trentaine sexy, elle est à la recherche d’un difficile équilibre entre sa vie professionnelle et sa vie amoureuse.Parallèlement à la défense d’un ami accusé de meurtre, elle embauche Sam, un ex-petit dealer comme baby-sitter. Il s’incruste sur son canapé, passant du colocataire à l’amant. Cette comédie romantico-barjo sous influence sexuelle se double d’une satire du couple, mêlant aussi enfants, justice, argent. Elle est portée par la craquante Virginie Efira,
Mademoiselle, de Park Chan-Wook
Librement adapté d’un roman britannique, le film est transposé de l’Angleterre victorienne en Corée dans les années 30, pendant la colonisation nippone. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant sous la coupe d’un oncle érotomane et tyrannique. Mais Sookee dissimule la noirceur de son âme sous son visage d'ange. Aidée d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, elle concocte un autre plan pour Hideko… Park Chan-Wook met en scène deux comédiennes d’une affolante beauté pour ce thriller romantico-sensuelo-érotique à rebondissements surprenants.
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