Grand écran: "Le confessioni", thriller financier en forme de parabole noire et ludique (29/11/2016)

aconfessioni.jpgA sa grande surprise, le moine chartreux Salus (Toni Servillo) est invité par le directeur du FMI, le Français Pascal Rogé, à participer en compagnie des dirigeants politiques à une réunion du G8, dans un hôtel allemand en bord de mer. Sont aussi présents deux stars, un chanteur et une romancière pour ados.

Alors que les responsables des huit principales puissances économiques mondiales vont prendre une décision secrète, lourde de conséquences pour l’avenir de l’humanité, le directeur du FMI atteint d’un cancer veut se confesser. Le lendemain matin, il est retrouvé mort dans sa chambre. Apparemment, c’est un suicide. Mais peut-être a-t-il été assassiné.

Si oui, le coupable pourrait alors se trouver parmi la dizaine de participants du sommet qui, se méfiant les uns des autres, vont dès lors s’espionner et se soupçonner. Casting international pour tenter de résoudre l‘affaire avant d’annoncer le décès au monde. Autour du remarquable Toni Servillo portant impeccablement la robe monacale, il y a Daniel Auteuil (directeur du FMI), Connie Nielson, Marie-Josée Croze, Maurice Bleibtreu, Stéphane Freis, Lambert Wilson.

Un certain état du monde

Avec Le confessioni le réalisateur italien Roberto Ando, notamment auteur de Viva la liberta en 2013, dépeint un certain état du monde, évoquant un déséquilibre croissant entre la richesse et la pauvreté. Dans une mise en scène assez lyrique, l livre une critique du néolibéralisme au moyen d’un thriller économico-financier en forme de parabole noire et ludique, saupoudrée d’un zeste d'Agatha Christie. Et cela sous le regard du moine qui, tel un Saint François d’Assises moderne, se promène dans la nature en enregistrant les chants des oiseaux.

aando.jpgRoberto Ando s’est évidemment beaucoup documenté pour dominer son sujet en étudiant notamment l’économie des années 2000. Il est par ailleurs allé aux Etats-Unis et a lu l’interview de la femme d’un directeur du FMI mort du cancer, qui ne pouvait parler de sa maladie au risque de perturber le marché. 

"L’idée, c’était de travailler sur le pouvoir, de l’épier à travers un personnage qui a un langage différent et a choisi le silence, ainsi que la relation entre lui et des puissants au comportement opposé", nous explique-t-il.

"C’était aussi le désir de savoir ce qui se passe derrière certaines portes, avec des gens déconnectés, isolés dans le secret. Le pouvoir a toujours utilisé le secret, le moine en est le gardien et, partant, les huit ministres sont convaincus qu’il sait des choses. Surtout en le voyant déambuler avec son enregistreur". 

Son regard relève-t-il de la morale et de la religion ?

En l’occurrence, il apparaît comme un être humain, non un représentant de l’Eglise. Dans les derniers vingt ans, l’économie a correspondu à une théologie. Depuis 2008, ce monde s’est divisé et la théologie a été mise en doute. Le film montre des hommes et des femmes qui doutent. Et c’est le moine les fait mettre en cause l’omnipotence des marchés financiers. Pour autant ce n’est pas un essai sur l’’économie. Je pars de la réalité pour n’égarer ailleurs. Il s’agit avant tout d’un film montrant des gens de pouvoir face à la mort, quelque chose qu’ils ne peuvent pas contrôler. 

Deux mots encore sur Toni Servillo, formidable en moine chartreux.

Je suis à l’aise avec lui. Nous avons une relation forte. Pour moi c’était l’interprète idéal. Il a énormément travaillé son personnage, qui n’est pas facile et l’a incarné à un point incroyable. Je lui ai d’ailleurs dit que dans une autre vie il devait être moine. Il pense que oui…

A l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 30  novembre.

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