US Open: une étoile est née. Française évidemment... (05/09/2016)

aapouille.jpgExceptionnel, prodigieux, colossal, géant, titanesque, monumental, phénoménal, en un mot: énorme. Cette collection de superlatifs, c’est pour saluer l’exploit de Lucas Pouille, qui a fini au bout du bout d’un suspense de plus de quatre heures par décorner le taureau de Manacor en cinq sets.
 
Loin de moi l’idée de nier la réelle performance du talentueux garçon, fort sympathique et que toute le monde adore aujourd'hui. Mais il faudrait un peu raison garder. Et relativiser en se souvenant de prouesses de loin plus extraordinaires. 
 
Quand je songe à Wilander, Chang ou Becker, tous trois vainqueurs d’un Grand Chelem à 17 ans, ou à Federer numéro un mondial à 22 ans et cinq mois, il y a en effet quelque chose de pathétique dans cette folle agitation hexagonale autour d’un jeune homme pratiquement du même âge, qui se retrouve dans... le top 20 après avoir battu Rafael Nadal en…  huitièmes de finale à l’US Open. 
 
Un Nadal moins saignant qu’auparavant de surcroît. La preuve c’est que le brave Pouille prive à nouveau le champion espagnol d’un quart de finale de grand Chelem qui lui échappe depuis Roland-Garros 2015. Et le pauvre a subi d'autres crève-coeurs. Le Belge Steve Darcis l’avait atomisé dès le premier tour en trois sets en 2013 à Wimbledon (l’Espagnol venait pourtant de gagner Roland-Garros), et il en avait fallu un petit de plus à l’Allemand Dustin Brown, pour lui jouer gazon maudit deux ans plus tard.
 
Que je sache, les Français n’en avaient alors pas fait un tel plat. Bien que ces deux joueurs étaient mal classés, Brown pointant même au 102e rang. Tandis que le Tricolore occupait le 24e à l’entame de son match. En outre, il me suffit de penser que le modeste Helvète Marco Chiudinelli a été à deux points d’éliminer la nouvelle étoile  hexagonale en trois manches au second tour pour me donner une idée de la forme pas franchement flamboyante du pitbull ibère. Contrairement à ce que nous assurent avec force et conviction les spécialistes français, histoire de donner un gros surplus de panache  à la "victoire de légende" de leur poulain. Je sais, on me rétorquera que c'est différent. Mais je ne vois pas vraiment en quoi.
 
amonfils.jpgMonfils et Tsonga, autres formidables pépites
 
A part ça, Lucas Pouille n‘est pas le seul à les mettre en transes. Il y a aussi Gaël Monfils, crack grandiose, véritable terreur du circuit. Doté d'un fabuleux coup d’œil, c’est lui qui anticipe le mieux, qui marche impitoyablement sur ses adversaires, les obligeant constamment à produire le coup de plus, sinon de trop, qui lui permet de gagner se matches les doigts dans le nez. Et que dire de l’éblouissant et puissant Tsonga, redoutable au service et à la volée et dont les balles supersoniques fuient sadiquement les relanceurs. Lui aussi avait flanqué la pâtée à Nadal en… 2008  à Melbourne.
 
Je veux bien croire que tout cela soit vrai. En même temps, j'aimerais  qu’on m’explique pourquoi Jo-Wilfried n’a toujours pas été fichu de remporter un Grand Chelem a passé trente ans. Sans parler du galactique Gaël, dont le plus retentissant succès consiste à avoir enfin remporté cette année… l’ATP 500 de Washington, après quatre misérables tournois 250 au cours de sa longue carrière.
 
Pour couronner le tout, le fameux trio se retrouve, c’est historique (!), en quarts de finale à Flushing Meadows. Et un Français sera forcément dans le dernier carré, puisque Pouille doit affronter Monfils. Du coup, il est envisageable que l’un d’eux puisse être sacré roi de New York. Je n’ignore pas le méga-tsunami médiatique, assorti de perpète, qu’implique cette éventualité pour les habitants de la planète dépourvus de sang bleu. Mais il serait temps qu'une victoire vienne corroborer ces tonitruantes professions de foi! 
 

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