Grand écran: "Soleil de plomb", l'amour au temps de la haine (23/03/2016)
Le film de Dalibor Matanic, qui avait reçu le prix du jury de la section Un certain regard lors du dernier Festival de Cannes, s’étend sur une période de vingt ans, de 1991 à 2011. Il est divisé en trois parties, dans le contexte dramatique né du conflit serbo-croate.
Chacun de ces chapitres raconte une histoire d’amour interethnique contrariée, marquée par la haine entre les deux peuples qui se manifeste au sein d’un même village, d’une même famille, voire d’un couple. Entre chaos, peur et violence, Dalibor Matanic met la première en scène en 1991, au début des hostilités. Alors que cette haine avait atteint des sommets, elle finira par séparer dramatiquement deux jeunes amoureux respectivement serbe et croate, habitant deux villages voisins et qui avaient décidé de partir tenter leur chance à Zagreb.
Dix ans plus tard, en 2001, une mère et sa fille Natacha retournent vivre dans la maison familiale détruite, à l’image d’un pays où il faut tout reconstruire. Elles confient les travaux à Ante, d’une nationalité différente. En colère Natacha cherche d’abord à l’éviter. Ante fait son boulot, apparemment indifférent à la jeune fille. Mais dans ce huis-clos sous tension sexuelle, ils tentent un rapprochement, comme pour oublier les blessures de la guerre.
La troisième histoire se passe en 2011 et évoque le retour de Luka dans son village natal pour une grande fête interethnique sous influence d’alcool et de drogue. Il revoit Marja, une ex à qui il avait fait un enfant avant de la quitter pour gagner la ville. La barrière entre eux semble devenue infranchissable, mais tout comme la jeunesse s'efforce de se libérer du poids du passé, Luka veut se réconcilier avec elle.
Avec ces trois moments interprétés par le même duo d’acteurs, Tihana Lazovic et Goran Markovic, qui font le lien entre les époques, le réalisateur livre une autopsie d’affrontements meurtriers et ses conséquences sur les mentalités. Après un premier récit très fort, les deux suivants perdent un peu en puissance et en enjeux, mais sont porteurs d’espoir.
A l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 23 mars.
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