Grand écran: "Au-delà des montagnes" montre une Chine entre passé, présent et futur (02/02/2016)
1999, au soir du Nouvel-An. Sur une entrainante musique électro, des jeunes s’éclatent dans une chorégraphie très enlevée. L’avenir est à eux à l’aube du 21e siècle. Au premier rang on découvre une pétillante et séduisante jeune fille, Tao, qui adore danser et chanter. Très courtisée, on la retrouve plus tard entourée de deux garçons. Des amis d’enfance amoureux d’elle.
D’un côté Zhang Jinsheng (Zhang Yi) un garçon ambitieux en pleine ascension, de l’autre le souriant mineur Liangzi (Liang Jingdong). Les deux facettes de la Chine en somme. Pressée de choisir, Tao (Zhao Tao, muse et femme du réalisateur) choisit d’épouser l’entrepreneur, tellement décidé à faire fortune qu’il n’hésitera pas à appeler son fils Dollar….
Quinze ans plus tard, la vie des différents personnages a complètement changé. Tao et Zhang ont divorcé et Dollar vit chez son père en Australie. Il ne comprend plus sa langue maternelle et ne se souvient que vaguement de son enfance en Chine. De son côté Liangzi, ravagé par l’abandon de Tao avait décidé de partir pour ne plus revenir. La misère et la maladie en décideront autrement.
Avec Au-delà des montagnes, le Chinois Jia Zhang-ke, auteur de Still Life ou A Touch Of Sin (un gros succès international), propose un bouleversant et magnifique mélodrame dans une Chine traversée par les foudroyants changements socio-économiques, allant jusqu’à conduire une partie du pays, vivant à l’heure anglaise et où les nouveaux riches brassent des affaires à Shanghai, à l’oubli de ses racines.
Tout en racontant l’histoire du trio, le réalisateur se concentre plus particulièrement sur Tao en la montrant à trois âges de sa vie. Le film, s’étalant sur 36 ans, est ainsi composé de trois parties, hier, aujourd’hui, demain, se terminant en Australie en 2025. Pour le réalisateur, se projeter dans un futur possible est une bonne manière de prendre du recul pour mieux comprendre le présent et ses profondes mutations.
Il se livre ainsi à une fine observation de la situation du pays, du mode de vie et du comportement des gens bouleversés par l'irruption de l'argent, à une subtile analyse de leurs sentiments. Une mise en scène simple et efficace, des acteurs formidables, le tout assorti d’un regard critique, font de cet opus une petite perle à ne pas manquer.
A l’affiche à Genève et à La Chaux-de-Fonds dès mercredi 3 février.
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