Grand écran: avec "Mon roi", Maïwenn s'enferre dans une histoire mille fois recuite (22/10/2015)
Le titre, assez ridicule, n'annonce pas grand-chose de bon. C'est le cas dans cette histoire d'amour passionnelle, tumultueuse, s'étalant sur une dizaine d'années. A la suite d'une rencontre explosive, un homme et une femme au rapport diamétralement opposé à l'existence, se complaisent à se déchirer et à se détruire.
Tony (Emmanuelle Bercot), petite bourgeoise rangée, est tombée éperdument amoureuse de Giorgio (Vincent Cassel), propriétaire de restaurant au charme fou, plein d'humour, mais surtout pervers narcissique, flambeur, macho, coureur de jupons et épris de liberté.
Cette relation chaotique, prétendument toxique entre une avocate assez conformiste et un bad boy faussement rebelle mais réellement beauf, est reconstituée à coups de souvenirs de Tony, qui se remet lentement d'un grave accident de ski dans un centre de rééducation.
Au fur et à mesure de sa guérison, elle tente de recomposer les choses, tout en se posant un certain nombre de questions. Pourquoi deux êtres aussi différents se sont-ils autant aimés? Comment a-t-elle pu se soumettre à une passion aussi destructrice, accepter la violence, les tromperies, les mensonges, les retours de flamme de son mari? Ses soirées de potes entre alcool et drogue? Eh bien c'est simple. Parce que l'amour est un poison ravageur et que Giorgio est son roi…
Une thématique mille fois recuite et un scénario convenu qui donnent un film fabriqué, artificiel, sans nuances. S'y multiplient les scènes plus ou moins hystériques avec excès de cris, de larmes, de rires, entre nirvana initial, affrontements dévastateurs, détérioration du couple, dépressions et tentatives de suicide.
Quant aux deux héros bobos formant un coupl auquel on ne croit pas une seconde, il se révèlent particulièrement agaçants. Ils sont de surcroît entourés de personnages secondaires sans intérêt. On est triste pour Louis Garrel, réduit par la réalisatrice à un faire-valoir tentant vainement de passer pour un comique malgré lui.
Mais Maïwenn, qui avait décroché le prix du jury cannois pour Polisse en 2011, a la cote et figurait à nouveau en compétition au dernier festival avec Mon roi. Et contre toute attente étant donné sa prestation peu exceptionnelle, Emmanuelle Bercot a été sacrée meilleure actrice. Ex-aequo avec Rooney Mara, qui donnait pourtant la réplique à une sublime Cate Blanchett dans Carol, le magnifique mélo lesbien de Todd Haynes. Ce n'est rien de dire que les voies du jury sont impénétrables!
A l'affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 21 octobre.
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