Grand écran: le réalisateur Yves Angelo traque la vérité dans "Au plus près du soleil". Interview (20/09/2015)

 

162731-une-angelo-jpg_64027[1].jpgLe réalisateur français Yves Angelo a choisi le milieu judiciaire pour son dernier film Au plus près du soleil. Juge d'instruction mariée à un avocat, Sophie harcèle Juliette, une jeune femme qu'elle vient d'auditionner pour abus de faiblesse sur son vieil amant, en découvrant qu’elle est la mère biologique de l'enfant qu'elle a adopté.

Décidée à l'éloigner des siens, Sophie lui cache la vérité, refusant de suivre les conseils de son mari qui rencontre alors secrètement Juliette. Entre non-dits, mensonges, dissimulation, impossibilité de communiquer, d’affronter la réalité, l'affaire ne peut que mal tourner. Avec Grégory Gadebois, Sylvie Testud et la révélation Mathilde Bisson.

De passage à Genève, Yves Angelo aussi et surtout connu comme directeur de la photographie pour Nocturne indien, Tous les matins du monde et Germnal (trois Cééars) en dit plus sur ce film dont je vous ai déjà parlé dans ma critique du mercredi 16 septembre.

Tout est parti d’une proposition du producteur Gilles Legrand que vous avez refusée. De quoi s’agissait-il?

D’adapter un livre sur un enfant adopté. Un sujet que je ne maîtrisais pas. Mais Legrand a insisté et finalement je me suis lancé dans un scénario qui me plaisait davantage, en compagnie de François Dupeyron.

L’histoire parle pourtant quand même de l’adoption.

Certes, mais à travers cette problématique, celle qui m’intéressait avant tout c’était la vérité. Sur soi-même, sur les autres, sur la connaissance ou l’ignorance d’autrui. Et partant de là, le mensonge, évidemment. La notion de mensonge s’inscrit dans le quotidien. Tout le monde ment tout le temps. En l’occurrence les parents s’octroient le droit de mentir, estimant que c’est pour le bien de cette famille au sein de laquelle j’ai amené le désordre.

Pourquoi placer l’action en milieu judiciaire ?

Parce que c’est là que la vérité doit en principe sortir. En même temps, en faisant se confronter deux personnages au sein d’une thématique enchevêtrée, contradictoire, je crée un suspense, une tension de l’ordre du polar.

François Dupeyron a coécrit le scénario. Comment s’est passé ce quatre mains.

Très bien. Je connais François pour avoir fait six films avec lui comme chef opérateur. Vous savez, au bout d’un certain temps on a tendance à se répéter. Là on s’est demandé comment proposer autre chose. Nous avons partagé beaucoup de réflexions ensemble.

090923.jpg-rx_640_256-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgVous avez une façon de filmer particulière. Au plus près des corps, des viages.

C’est vrai. J’ai voulu instaurer un contrepoint à la thématique. Le cinéma est un mensonge, une manipulation préalablement à la pensée. Aussi me suis-je dit que cette fois je n’allais rien penser, mais filmer en laissant l’intuition me guider. Et c’est plus facile caméra à l’épaule, spécialement pour les gros plans. Les possibilités sont plus grandes quand on est proche, le rapport à l’acteur est différent.

Puisque vous en parlez, deux mots sur le choix des comédiens.

Je connais Grégory Gadebois depuis le Conservatoire. Il avait tourné pour moi un petit rôle dans Les âmes grises, le principal dans Mon âme par toi guérie ainsi que sur Arte Des fleurs pour Algemon, l’adaptation de la pièce qui lui avait valu un Molière. Et je trouvais notamment  intéressant d’opposer sa masse à la minceur de Sylvie Testud. Quant à Mathilde Bisson, elle a passé un casting. J’ai hésité à cause de son physique, mais son talent d’actrice l’a emporté sur d’autres candidates qui me semblaient a priori mieux convenir.

Fiim à l’affiche dans les salles de Suisse romande depuis mercredi 16 septembre.

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