Grand écran: "A Most Violent Year", plongée dans le New York corrompu des années 80 (07/04/2015)

014449.jpg-r_640_600-b_1_D6D6D6-f_jpg-q_x-xxyxx[1].jpgLes eighties à New York, une décennie terrifiante. Et davantage encore en cet hiver 1981, où plus d’un million de crimes, des centaines de meurtres et de viols ont été recensés.

C’est dans ce climat délétère qu’évolue Abel Morales, petit patron immigré. Parti de rien, il dirige une affaire de livraison de fuel domestique en pleine expansion et n’est pas loin de pouvoir jouer dans la cour des grands en se taillant une belle place dans le business.

Mais il tient absolument à demeurer honnête. Hélas, son aspiration à devenir riche en gardant les mains propres se heurte à la corruption, la violence et la dépravation du milieu pétrolier de l’époque, menaçant de détruire ce qu’il a patiemment construit.

Manifestement, son succès fait des envieux qui s’acharnent à sa perte. Et les coups peuvent venir de n’importe où, de n’importe qui. L’un après l’autre ses camions sont attaqués, ses cargaisons volées, ses chauffeurs tabassés. Alors Abel s’engage, pour conserver son bien, dans une véritable guerre. Sous le regard désapprobateur de son avocat voyou et de sa femme, fille d‘un truand de Brooklyn, pour qui le mal est une façon de vivre.

Sa famille n’est plus en sécurité dans sa belle maison. De plus un procureur particulièrement zélé le poursuit pour escroqueries et malversations, tandis qu’il n’a que 30 jours pour honorer un gros contrat sous peine d’être totalement ruiné. Le rêve américain tourne au cauchemar. 

Après Margin Call, dernière nuit d’une équipe de traders à Wall Street avant le crash et All Is Lost, où il faisait aussi référence au capitalisme sauvage et destructeur régissant nos sociétés à travers la lutte farouche, pour sa survie,  d’un homme perdu seul en mer,  J.C. Chandor poursuit sur sa lancée avec A Most Violent Year. Tout en évoquant des liens pervers entre le système et le crime, il montre l’influence pernicieuse d‘un mode de vie sur la volonté de dignité de son héros.

Un western urbain

Revisitant l’univers de la pègre newyorkaise d’alors, il livre sur fond d’ambition, de morale, de réussite et de violence, un thriller en forme de western urbain stylé, voire sophistiqué, à la mise en scène sobre et aux décors soignés. Avec clins d’œil aux classiques, de Lumet à Scorsese en passant par Gray ou Friedkin.

Pour interpréter ce polar qui se veut à haute tension en dépit de sa lenteur parfois lancinante, J.C. Chandor a fait appel à Oscar Isaac et Jessica Chastain. Un excellent choix, l'un et l'autre se révélant parfaits. Lui en self-made man latino déterminé à maîtriser son destin en tentant désespérément de rester droit dans ses bottes, elle en sulfureuse fée du logis amoureuse de l'argent et marquée par ses origines...

Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 8 avril.

 

 

 

 

 

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