Cinéma: Romain Duris se sent femme dans "Une nouvelle amie", signé François Ozon (11/11/2014)

7391415289327[1].jpgDavid vient de perdre sa femme Laura. Il est inconsolable, tandis que Claire, l’amie d’enfance de Laura,  sombre dans la déprime. Chacun vit son deuil de son côté jusqu’au jour où Claire décide de reprendre  contact avec David.

C’est alors qu’elle découvre qu’il se travestit en cachette pour prendre la place de la morte. Portant ses vêtements, coiffé d’une perruque blonde, il donne le biberon à sa petite fille. Glissant ainsi du père à la mère, il explique à Claire que c’est pour rassurer le bébé en manque de présence maternelle.

D’abord troublée, Claire accepte cette étrange situation, trouvant en David une amie de substitution se prénommant désormais Virginia. Leur relation évoluant, elle l’aide à assumer une transformation qui la ramène elle-même à la vie. Cela passe par de savoureuses et joyeuses séquences de sortie en boîte entre filles, de shopping et d‘épilation du bas du dos. 

Entre mélo et comédie, ce récit questionnant avec humour, ironie et finesse le genre, la différence, la tolérance, joue sur les apparences tout en surfant sur le sujet du mariage pour tous. On peut certes reprocher à François Ozon une vision parois exagérée, quoique récurrente chez lui de la féminité, en véhiculant quelques clichés et en flirtant avec la caricature. Il nous montre ainsi un Romain Duris en robe rose moulante, outrageusement maquillé, ondulant sur ses talons aiguille.  

Mais on relèvera surtout une fascination pour l’ambiguïté dans cet opus aux décors à la fois réalistes et stylisés, librement adapté d’un texte de la romancière anglaise Ruth Rendell, The New Girlfriend, parue en 1985. Opérant quelques emprunts à Cukor, Sirk, Almodovar ou Xavier Dolan, le cinéaste explore les mutations de l’identité sexuelle dans un thriller à l’ambiance hitchcockienne pimentée d’un érotisme un rien pervers.

Une jolie réussite que l’auteur doit notamment à ses comédiens. Romain Duris livre une remarquable performance dans le rôle de ce papa veuf se sentant femme et avide de se voir reconnu comme telle. On admire par exemple la perfection du geste et la sûreté du pied, lorsqu’il descend théâtralement un escalier façon diva.

Anaïs Demoustier se révèle également très convaincante. Réticente au point de traiter David de malade, elle le suit rapidement dans ses petits jeux, comme s’ils la libéraient de ses propres tendances lesbiennes refoulées. Venant compléter le casting, Raphaël Personnaz interprète Gilles, le mari de Claire. Un sympathique compagnon, joli garçon sans équivoque. Quoique…

Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 12 novembre.

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