Cinéma: avec l'excitant "Gone Girl", le corrosif Fincher joue les manipulateurs (07/10/2014)

Gone-Girl-Ben-Affleck-Rosamund-Pike-Entertainment-Weekly-cover[1].jpgDepuis cinq ans, Nick Dunne et la belle Amy semblent filer le parfait amour dans la banlieue chic d’une petite ville ordinaire. Formant aux yeux de leur entourage, le couple idéal. Jusqu’au jour où Nick découvre une pièce de la maison sens dessus-dessous, tandis que sa femme demeure introuvable. Imaginant un cambriolage qui a mal tourné, sinon un enlèvement, il décide de signaler son absence.

L’affaire ne tarde pas à soulever les passions. D’insinuante, la police se fait insistante et les médias s’emballent. Branle-bas de combat, conférence de presse organisée au lendemain de la disparition de l’épouse. Avec Nick posant devant une affiche représentant le visage rayonnant d’Amy. Et il sourit. Un sourire qui sera mal interprété.

Des failles apparaissent. Assailli de questions par les flics, coincé entre les journalistes et ses beaux-parents, Nick s’affole, se met à mentir et à cacher des choses qui cassent petit à petit l’image des époux modèles. Et contribuent surtout à le faire rapidement voir comme le suspect numéro un.

Gone Girl, l'excitant nouveau long-métrage de David Fincher, auteur entre autres de Seven , Fight Club, The Game ou Panic Room, est l’adaptation du roman à succès (2 millions d’exemplaires vendus aux Etats-Unis) de Gillian Flynn, qui a signé seule le scénario.

De Hitchcock à Lynch

De la haute voltige pour ce film transformant le rêve américain en cauchemar, mêlant au drame conjugal le meurtre et le mystère, tout en surfant sur le thriller angoissant sinon absurde, la comédie acide, la satire implacable du règne de l'apparence, du mariage, de l’intrusion vorace des médias voyeurs dans l’intimité des gens, de l’opinion publique versatile, de la justice et de la société en général.

Pendant 2 heures 30 qu’on ne sent pas passer, le corrosif Fincher, passant de Hitchcock à Lynch, joue ainsi avec les genres sur le mode coupable non coupable, en autopsiant la désintégration d’un couple glauque livré en pâture à une Amérique puritaine. Le tout agrémenté de rebondissements destinés à entortiller le spectateur, ravi de se faire prendre dans les filets du talentueux manipulateur.

Le réalisateur a choisi de confier le rôle principal de Nick à Ben Affleck qui, faute d’être un mari parfait, se révèle excellent dans la peau de cet homme trouble, distant, sarcastique. Rosamund Pike est à la hauteur dans celle d’Amy. Tous eux sont contraints de tomber le masque, mais je ne vous en dirai pas davantage pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.

Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 8 octobre

 

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