Cinéma: "Bon rétablissement", avec Gérard Lanvin cloué dans un lit d'hôpital. Laborieux (17/09/2014)
Jean-Becker, 81 ans, n’arrête pas de tourner. Cinq films depuis 2007. Après La tête en friche adapté du roman de Marie-Sabine Roger, il a convoqué ,avec la complicité de la même écrivaine et de Jean-Loup Dabadie, Gérard Lanvin pour lui offrir un séjour à l’hôpital.
Après avoir été renversé par une voiture, accident dont il ne garde aucun souvenir, projeté dans la Seine et sauvé par un jeune prostitué qui tapine pour payer ses études, Pierre se retrouve cloué dans un lit, la tête bandée et une jambe plâtrée.
La soixantaine, Pierre est un vieux grincheux qui ne cesse de s’énerver et de râler contre tout, les gens, la bouffe, les soins, l’interdiction de fumer. Jean Becker s’évertue ainsi à nous montrer les malheurs quotidiens et les petites humiliations d’un patient aspirant au calme et à la solitude et devant subir au contraire les visites parfois humiliantes des infirmières, du grand patron arrogant et de ses internes aux ordres.
Sans oublier celles de ses proches dont son frère Hervé (Jean-Pierre Darroussin pas au mieux de sa forme), avec leur lot de gags téléphonés et de conversations d’un rare inintérêt, ou les incursions d’une grosse adolescente insupportable qui vient squatter son ordinateur. Car résolument moderne, le cinéaste réserve même des entretiens via skype de Pierre avec un vieux copain, en l’occurrence Daniel Guichard, carrément pathétique.
Pour couronner le tout, ne voilà-t-il pas qu’on assiste au retour inespéré d’un ancien amour. De quoi permettre à notre ours mal léché de s’attendrir, de s'ouvrir peu à peu aux autres, à la vie, de s’humaniser, bref de renaître. Allons-y pour les violons.
Jean-Becker, qui a tendance à se plaindre de la critique française peut être satisfait. Une tournée du net montre qu’une bonne partie d’entre elle salue ce film "doux-amer, humaniste, revigorant, émouvant, plein d’humour et aux dialogues truculents". Le Figaro va jusqu’à écrire qu’il "se penche au chevet de la France en cette période de pessimisme généralisé". Histoire de remonter le moral de ses compatriotes, en servant de remède à la morosité ambiante, comme l’espère lui-même l’auteur.
Ne l'ayant trouvé ni drôle, ni touchant, ni bien interprété, ni bien dialogué, mais au contraire aussi laborieux que consternant, j’avoue qu’après avoir vu l'opus, le mien, de moral, était à zéro. Il m’a fallu Pride, où les gays londoniens volent au secours des mineurs gallois, pour lui faire reprendre de l’altitude...
Film à l‘affiche dans les salles romandes dès mercredi 17 septembre.
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