Cinéma: "Pride", les gays londoniens au secours des mineurs gallois. Irrésistble (17/09/2014)
Grande-Bretagne, 1984. L’été s’annonce chaud pour le gouvernement Thatcher. En colère contre la politique de la redoutable dame de fer, le Syndicat des mineurs vote la grève.
Emus par la situation financière dramatique des ouvriers et de leurs familles, un groupe d’activistes homos des deux sexes organise une collecte pour les aider à l’occasion de la Gay Pride à Londres.
Malaise au sein de la puissante Union, dont la majorité des membres sont plutôt enclins à refuser ce soutien aussi inédit qu’embarrassant. Qu’à cela ne tienne. Plus déterminés que jamais, les militants gays embarquent à bord d’un minibus pour aller remettre eux-mêmes l’argent récolté aux grévistes d’un bled minier au fin fond du Pays de Galles, la région la plus pauvre du Royaume-
Le rapprochement l’emporte sur l’ostracisme pudibond
Là encore c’est un sacré choc des cultures. La main tendue d’homosexuels urbains aux virils et bourrus Redneks du terroir gallois, de surcroît peu habitués à croiser ce genre de personnes au pub du coin, ne va pas forcément de soi. Sans oublier l’apparition du sida qui les stigmatise encore davantage en en faisant des citoyens de seconde zone.
Mais grâce à quelques énergiques et maternelles maîtresses femmes qui ne tardent pas à adopter les petits gays de la ville, le rapprochement l’emporte sur l’ostracisme pudibond. Les deux communautés que tout oppose finissent inéluctablement par s’unir pour combattre l’ennemi en tendant vers les mêmes buts: déstabilisation du gouvernement, revendication des droits, de l’égalité, volonté de faire tomber tabous et préjugés.
Une histoire vraie
C’est un moment véridique et méconnu de l’histoire syndicale de l’époque, dont se sont emparés avec bonheur le réalisateur Matthew Warchus, metteur en scène de théâtre qui propose ici son deuxième long-métrage et le scénariste ouvertement gay Stephen Beresford. Tous deux nous livrent le meilleur du savoir-faire anglais dans le genre à la faveur de scènes le plus souvent irrésistibles et jubilatoires.
S’il leur arrive de céder à la facilité, au cliché cocasse, au stéréotype de l’ado en mal d’identité ou de la chaisière corsetée, ils n’oublient pas la dimension sociale et sociétale de leur propos en brassant avec une finesse empreinte de gravité, voire de noirceur, les nombreux thèmes qui traversent Pride Homophobie, activisme, remise en question, tolérance (ou non), et surtout cette grande solidarité en temps de crise, qui fait largement écho aux problèmes actuels.
Attachante, généreuse, assaisonnée de dialogues caustiques, Pride s’inscrit dans la lignée des Full Monty, Virtuoses ou autres We Want Sex Equality. Pour la porter, ses auteurs ont choisi des anciens comme l’impeccable Imelda Staunton ou Bill Nighy en ouvrier cultivé frôlant le BCBG, ainsi que des excellents nouveaux à l’image de George Mackay et Ben Schnetzer.
Film à l’affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 17 septembre.
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