Cinéma: "On a failli être amies", avec Karin Viard et Emmanuelle Devos (24/06/2014)
Un duo féminin en tête d’affiche, ce n’est pas fréquent au cinéma. C’est l’une des particularités du quatrième film de la Française Anne Le Ny, On a failli être amies, qui a de plus réuni deux comédiennes n’ayant jamais joué ensemble, Karin Viard et Emmanuelle Devos (photo).
La première, Marithé, travaille dans un centre orléanais de formation pour adultes qu’elle aide à se reconvertir en évoluant leur potentiel respectif. Divorcée, mère d’un grand fils, elle ne se pose pas trop de questions sur elle-même. Jusqu’au jour où débarque dans un groupe d’ouvrières au chômage Carole, une bourgeoise insatisfaite qui manifeste son désir de changer de métier et de vie.
Une relation étrange et complexe
Touchée, Marithé décide de faire le maximum pour elle. D’autant qu’en la croisant par hasard en dehors du centre, elle la découvre dans un restaurant de luxe à la campagne, où elle travaille dans l’ombre de son mari. Sam est non seulement un chef étoilé réputé mais un bel homme qui attire autant par sa virilité que par l’excellence de sa cuisine. Des qualités auxquelles Marithé n’est pas insensible et qui la poussent à s’investir encore davantage dans le coaching de Carole…
On a failli être amies ne nous emmène pourtant pas dans un banal ménage à trois, mais dans une relation étrange, ambiguë, complexe entre deux femmes qui se fascinent, s’envient mutuellement et dont l‘une va prendre pour ainsi dire naturellement la place de l’autre. A contre-emploi. Karine Viard et Emmanuelle Devos se complètent parfaitement dans cette quasi amitié à laquelle Roschdy Zem apporte une forme d'érotisme.
La réalisatrice et actrice Anne Le Ny, récemment de passage à Genève, nous parle de cette comédie romanesque au traitement original, où le burlesque et l'humour font irruption dans le dramatique.
-Deux mots d’abord sur vos comédiennes. Vous avez spécialement écrit pour elles.
-Oui. Elles ont déjà chacune joué dans un de mes films et figurent parmi les meilleures de la profession. Nous travaillons bien ensemble, nous avons la même approche. Elles ont en outre une palette de jeu incroyable et une vraie réflexion sur leur personnage. Elles éprouvent une admiration réciproque et se sont tout de suite trouvées.
-Comme son titre l‘indique, le film évoque leur amitié possible. Mais il raconte aussi les rapports de vos héros au travail.
-Effectivement, c’était l’idée de départ pour tirer d’autres fils. Elle m’est venue en discutant avec mon assistante monteuse qui avait fait le même job que Karine Viard dans l’histoire. Je ne connaissais pas du tout ce métier. C’est ce qui m’a intéressé dans la mesure où au cinéma on préfère en général des professions plus glamour.
-Vous êtes quand même tendance en choisissant un chef étoilé comme troisième protagoniste principal.
-J’aime manger et la cuisine a un côté sensuel. Cela me permet de montrer une séduction un peu plus raffinée avant d’aller frontalement vers la sexualité. Par ailleurs je voulais un métier qui se pratique en couple.
-Roschdy Zem dans le rôle, c’est inédit pour lui.
-C’est vrai qu’on a peu l’habitude de le voir sans flingue! D’ailleurs, je n’y ai pas tout de suite pensé pour cette profession si emblématique de la France. En même temps je voulais un film très français porté par l’immigration. Donc il a fini par s’imposer.
-Il apparaît très crédible. Il a dû beaucoup s’entraîner.
-Il a bien mis la main à la pâte, notamment chez lui pour s'exercer. Mais il a surtout pu compter sur l’appui de Jean Imbert (réd: l’un des gagnants de l’émission Top Chef) à qui j’ai fait appel comme conseiller culinaire, qui a conçu tous les pats et lui a montré la bonne gestuelle en cuisine.
-Vous apparaissez dans le film. Comme dans les précédents d’ailleurs.
-J’y ai même une part plus importante. Mais pour ne rien vous cacher, je trouve plus agréable de jouer chez mes confrères réalisateurs. Ils sont beaucoup plus gentils avec moi… que moi.
Film à l'affiche dans les salles de Suisse romande dès mercredi 25 juin.
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