Cinéma: "Her", passion insolite entre un homme et une machine (26/03/2014)

k-bigpic-e1376010501535[1].jpgNous sommes à Los Angeles, dans un futur proche. Theodore Twombly est un homme secret, tourmenté, au caractère complexe. Anéanti par une douloureuse rupture, il reste hanté par les images de son bonheur perdu. Noyant son chagrin dans l’informatique de pointe, il décide d’acheter un programme ultramoderne s’adaptant à la personnalité de chaque utilisateur. 
 
Il fait ainsi la connaissance de Samantha, une voix ensorcelante, sexy et sensuelle de machine, qui réveille ses sentiments par son humour, sa compréhension, sa tolérance et son intelligence. Petit à petit leur désir commun croît, ils tombent amoureux et vivent une passion pour le moins insolite.
 
Cette love story inédite entre un humain et un système d’exploitation n’est pas loin d’être déjà labellisée culte par de nombreux critiques sous le charme. Elle est en gros décrite comme un  chef d’œuvre exaltant, bouleversant, fascinant de beauté, d’intelligence, de sensibilité, de grâce d’humour et de poésie.
 
Ce fol enthousiasme est exagéré. Mais il est certain que le réalisateur Spike Jonze, notamment auteur de Dans la peau de John Malkovich, livre dans cette fable mélancolique entre fantastique et romantisme, une analyse plutôt fine des rapports amoureux dans un univers de science-fiction pas si éloigné du nôtre. 

Solitude et absence de communication

Le plus intéressant et pertinent est toutefois ce qu’il dit de l'extrême solitude, d’une absence de communication entre les êtres, culminant dans des scènes visuellement révélatrices de gens se croisant sans se voir, également épris de leur smartphone ou autre appareil plus sophistiqué, ce qu’il laisse entrevoir de la peur du futur, voire du fantasme masculin de la femme idéale. Le tout induit par l’avancée de nouvelles technologies. 
 
Pourtant, passé le début intrigant et très prometteur d’une option amoureuse virtuelle, la romance originale dont le réalisateur prétend revisiter les vieux codes, se traduit finalement par une bluette banale, conventionnelle et longuette.
 
Elle déçoit par son contenu fade et superficiel, où le seul élément un rien extravagant consiste dans la découverte de Théodore effondré, apprenant que sa chère Samantha parle simultanément avec des milliers de gens et entretient les mêmes relations "charnelles" avec des centaines d’autres. Il en ressort que le partage est insupportable et qu’il est aussi tragique d’être plaqué par un système d’exploitation que par une vraie personne. De quoi retomber sur terre. 
 
 
On salue en revanche l’interprétation décoiffante de Joaquin Phoenix envoûté par une simple oreillette (photo). Il joue remarquablement sa partition sans partenaire, la voix de Scarlett Johansson ayant été  rajoutée en post-production. La comédienne se montrant largement à la hauteur, tous deux finissent par emporter le morceau.

 
Film à l’affiche dans les salles romandes dès mercredi 26 mars.

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