Cinéma: "Dans l'ombre de Mary", avec Emma Thompson et Tom Hanks (04/03/2014)

saving-mr-banks-movie-review[1].jpgS’emparant d’une histoire vraie et méconnue, le réalisateur John Lee Hancock nous invite à découvrir la genèse de Mary Poppins. Il raconte ainsi le combat acharné mené par Walt Disney pour persuader Pamela Lyndon Travers, la créatrice de la nurse légendaire aux pouvoirs magiques, de le laisser adapter au cinéma son célébrissime roman paru en 1934.

Il s‘agissait d’une promesse faite à ses filles qu’il a mis vingt ans à tenir. En effet, la dame repousse une première offre dans les années quarante. La vente de ses livres se raréfiant, mettant du coup ses finances à mal, elle accepte avec réticence une deuxième proposition et décide de rencontrer le père de Mickey à Los Angeles en 1961. Pour voir ce qu’il a dans le ventre.
 
Deux semaines plus tard commence alors le processus de création de l’un des films les plus cultes du septième art. Mais l’affaire est loin d’être dans la poche. La modeste P.L Travers, agacée par les fastes du lieu et pressentant une version édulcorée de son oeuvre, n’a aucune intention de livrer son héroïne adorée à l’infernale machine hollywoodienne, sans mettre son grain de sel.
 
C’est évidemment la forte personnalité de cette femme intraitable qui fait l’intérêt de Dans l'ombre de Mary (Saving Mr Banks). British jusqu’au bout des ongles, elle a pourtant vu le jour en Australie en1899 dans une famille d’origine irlandaise et ne rejoint Londres qu’en 1924. Par ailleurs Travers, le prénom de son père, est un pseudo. En réalité, elle est née Helen Lyndon Goff. Elle utilisait en outre les initiales P.L. pour semer la confusion sur son identité sexuelle, une pratique courante à l’époque.
 
Têtue, revêche et irascible

Et surtout Mrs Travers est une vieille fille têtue, psychorigide, irascible, asociable, qui s’est ingéniée à saper l’enthousiasme et le moral de tout le monde sur le plateau. Non seulement elle déteste les familiarités, refuse qu’on l’appelle par son prénom, mais elle hait les comédies musicales, les dessins animés et ne supporte pas le rouge. Elle n’a de sympathie que pour le chauffeur qui la véhicule de son hôtel au studio.
 
Inutile de préciser que le grand Walt, craignant de voir le projet lui échapper, a dû donner le meilleur de lui-même, déployer des trésors d’imagination, de séduction, faire preuve de diplomatie, de psychologie, user d'une folle énergie, sinon de manipulation pour venir à bout des aversions de ce dragon femelle. Philosophe, il finit toutefois par subir ses foudres avec bonhomie après avoir percé le secret de son intransigeance. Prétexte à une profusion de flash-back appuyés sur l’ enfance douloureuse de P.L. Travers.
 
Un peu trop jeune et pimpante pour le rôle de l’Anglaise revêche, Emma Thompson livre cependant une interprétation plutôt convaincante. Lisse, pourvu d’une moustache et lesté de quelques kilos supplémentaires, Tom Hanks se glisse avec moins d’aisance dans la peau de Walt Disney.

Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 5 mars.

14:47 | Lien permanent