JO de Sotchi: entre nationalisme exacerbé et autosatisfaction béate (23/02/2014)
Voilà, c’est fini.Tout baigne. Les cérémonies étaient formidables et les critiques précédant les JO passées à l’as. Démesure, droits de l’homme bafoués, atteintes à l’environnement, on oublie. Les conditions étaient exceptionnelles, l’organisation impeccable, dixit le président du CIO. Ajoutant que la Russie, efficace, amicale, a non seulement tenu ses promesses, mais montré un nouveau visage. Patriote mais ouverte sur le monde. Merci Vladimir, super héros des Jeux…
De leur côté les vainqueurs sont contents, à commencer par les Russes de Poutine, en tête des médailles, 33 dont 13 en or). Tandis que les responsables et commentateurs des différentes chaines, horrifiés par les violences en Ukraine, soulagés de n’avoir dû faire face à aucune redoutable attaque terroriste, mais attristés par le manque d’ambiance, de ferveur et de fiesta, nous ont aussi offert quelques beaux morceaux d’autosatisfaction béate. Se distribuant des dix en direct pour leurs remarquables prestations.
Sans oublier de saluer encore follement les exploits de leurs compatriotes. Eh oui, nonobstant l’esprit olympique, chacun voit midi à sa porte, l’essentiel n’étant plus depuis longtemps de participer, mais de gagner pour titiller les différentes fibres patriotiques.
C’est ainsi que je ne vous raconte pas certains crève-cœur. Les trois centimètres qui ont empêché Martin Fourcade déjà double breloqué, de devenir carrément le tsar de Sotchi en décrochant une troisième médaille d’or. Sans parler de Dario Cologna, qui n’a finalement pu en collectionner que deux, marqué une nouvelle fois d’une scoumoune d’enfer lors du 50 kilomètres, dont il était l’un des favoris.
Une course qui se refuse à lui telle une vilaine petite allumeuse. Non seulement il est tombé comme à Vancouver, mais il a été victime d’un maladroit qui n’a rien trouvé de mieux que de lui casser un ski. Le contraignant, après une semaine fastueuse qui avait vu les valeureux athlètes helvétiques rafler cinq médailles d’or, une d'argent et une de bronze, à couler à pic.
A l’image d’autres champions suisses en deuxième semaine, espérés tels autant de messies. Comme Simon Ammann, les curleurs filles et garçons, ou les spécialistes du slopestyle, snowboard et autres disciplines fun qui ont eu du mal à nous arracher des sourires. Seuls Patrizia Kummer et Nevin Galmarini répondaient à l’appel en géant parallèle. Imités plus ou moins contre toute attente par Beat Hefti en bob, et surtout par nos très improbables hockeyeuses.
Tirant la langue au début, les Français même s’ils pointent en dixième position derrière la Suisse, ce qui doit considérablement les agacer, le Belarus et l’Autriche ont eu davantage de raisons de s’enflammer dans cette seconde moitié des JO. Notamment avec le triplé historique en skicross, lors duquel les experts hexagonaux de l'antenne et des ondes ont frisé l'infarctus.
L'exploit a toutefois provoqué la grogne chez les Canadiens et les Slovènes accusant les Tricolores d’avoir triché en changeant la forme de la partie basse des pantalons des skieurs, créant ainsi un effet aérodynamique contraire aux règles.
Plainte illico rejetée, à l’intense soulagement de nos voisins qui peuvent continuer à se taper sur le ventre. Sauf que la performance est finalement banale vu que des des triplés, il y en a eu plein d’autres. Huit, dont quatre uniquement chez les Hollandais, les rois du patinage de vitesse.
On peut donc se congratuler tant qu’on veut des deux côtés de la frontière, les véritables cracks de Sotchi sont ailleurs. A commencer par le spécialiste du short-track Victor An, ex-Coréen devenu Russe qui a décroché trois fois l’or et une fois le bronze.
Mais les dames font la pige aux mâles puisque trois d’entre elles sont triples championnes olympiques, la biathlonienne bélarusse Darya Domracheva, la fondeuse norvégienne Marit Bjoergen et la patineuse de vitesse sud-coréenne Park Seung-hi.
Parmi les autres records il y a celui de l’Autrichien Mario Matt, plus vieux chasseur d’or en ski alpin toutes disciplines confondues et celui de la plus jeune l’Américaine Michaela Schiffrin. Sans oublier celui du Norvégien Ole Einar Bjoerndalen, qui est venu cueillir à Sotchi ses douzième et treizième lauriers. De quoi péter d’orgueil chez leurs compatriotes respectifs.
Tout ça pour vous dire, au risque de me répéter, que les JO d’hiver c’est pareil aux JO d’été, ça fait du bien quand ça s’arrête…
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