Cinéma: "Only Lovers Left Alive", des vampires selon Jarmush (18/02/2014)

Only-lovers-left-alive[1].jpgDepuis quelques années, les vampires sont à la mode. Mais le plus surprenant était quand même de voir Jim Jarmush y succomber avec Only lovers Left Alive, sélectionné en mai dernier en compétition à Cannes. Explication donnée en plaisantant par le réalisateur lui-même à l’époque en conférence de presse: "On pensait qu’on pouvait se faire beaucoup d’argent avec ce genre de film…"

Certes, mais cela reste à prouver en l’occurrence. L’histoire d’amour entre ses deux protagonistes principaux, Tilda Swinton et Tom Hiddleston n’ayant rien à voir avec celle des héros de la saga Twilight, elle ne devrait pas trop attirer les fans de Kristen Stewart et Robert Pattinson.

Sur un scénario inspiré du dernier livre de Mark Twain La vie privée d’Adam et Eve, Jarmush met en scène deux amants, archétypes de marginaux. Adam, musicien underground déprimé retrouve la nuit entre Tanger et Detroit, villes désolées chères au réalisateur, Eve, sa mystérieuse et énergique amoureuse.

Tous deux sont bohêmes, intellos, sophistiqués, un peu snobs, toujours mus par leur instinct animal de vampires. Mais ils sont en danger. Pour survivre, ils doivent boire du sang humain, avec le risque de contamination que cela comporte aujourd’hui. Par ailleurs leur idylle séculaire, sinon millénaire, est perturbée par l’arrivée de la petite soeur d’Eve (Mia Wasikowska), personnage aussi extravagant qu’incontrôlable.

Excentrique, amusant, esthétisant, raffiné, Only Lovers Left Alive fait un peu penser aux Prédateurs de Tony Scott. Portant toutefois indéniablement la marque de son créateur, le film se réfère à l’histoire de l’humanité,

Comme le précise Jim Jarmush: "Adam et Eve sont des métaphores de l’état actuel de la vie humaine. Ils sont fragiles, menacés par les forces de la nature et le comportement irréfléchi de vision à long terme de ceux qui sont au pouvoir. Dès lors, peuvent-ils continuer à exister dans ce monde qui s’effondre autour d’eux ? ".

Si les vampires peuvent rapporter gros, Jim Jarmush a eu du mal à en convaincre les financiers. L'opus a finalement pu se faire grâce à des producteurs français et allemands, ainsi qu’au soutien indéfectible de Tilda Swinton, depuis le moment où elle a reçu le scénario il y a sept ans.

Principalement parce qu’elle aime Jim Jarmush, nous confiait la délicieuse comédienne britannique rencontrée en mai dernier sur la Croisette. Ajoutant qu’elle avait toujours voulu jouer un vampire. "Nous sommes tous fascinés par eux en raison de leur immortalité et parce que nous sommes terrorisés par  notre mort. Dans le film j’ai aussi aimé mon invisibilité, ma façon de me glisser dans les rues et le gros travail que requiert une vie aussi longue…»

Film à l'affiche dans les salles romandes dès mercredi 19 février.

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