Festival de Locarno: Le Léopard d'or à "Historia de la meva mort". Pauvre Casanova... (17/08/2013)

1417253_pic_970x641[1].jpgSelon le directeur artistique Carlo Chatrian, l’urgent, pour la prochaine édition, c’est de changer les chaises de la Piazza Grande! A mon humble avis, il serait plus pressant de se préoccuper d’une meilleure qualité des films, notamment en compétition. Par exemple pour primer un Léopard d’or réellement digne du précieux métal.

Ce n’est pas le cas du lauréat surprise 2013 Historia de la meva mort (Histoire de ma mort), une oeuvrette mineure qui illustre un concours bien loin de ses promesses… sur le papier. Son auteur, l’Espagnol Albert Serra (photo) nous conte les derniers jours de Casanova, dont est témoin son nouveau serviteur. 

Finies la légèreté, les mondanités, l’ambiance libertine très 18e du château français qu’il vient de quitter pour passer ses ultimes moments dans la pauvreté de l’Europe septentrionale. Où il doit faire face au pouvoir de Dracula. Et nous voici partis pour un opus à l’ancienne interminable (2h30) aussi poseur et prétentieux que lourdement crépusculaire avec référence à ce qui se passe aujourd’hui sur le Vieux Continent.

Une mention à "Tableau noir" d'Yves Yersin

Reprenant ses esprits, le jury a décerné son prix spécial à E Agora? Lembra-me du Portugais Joaquim Pinto. Vivant depuis vingt ans avec le sida et l’hépatite C, il propose une réflexion sur la survie, l’amour et l’amitié. Par ailleurs, alors qu’il a attribué le prix du meilleur réalisateur au Sud-Coréen Hong Sangsoo pour U ri Sunhi, sauvant ainsi l’honneur de l’Asie, il a eu la bonne idée de se fendre de deux mentions spéciales.

L’une va à Tableau noir d‘Yves Yersin, qui a ému aux larmes les festivaliers avec son documentaire touchant sur une école neuchâteloise condamnée à fermer, et où un instituteur pas comme les autres transforme l’enseignement en un jeu doublé d’une leçon de vie.

short-larson-stanfield[1].jpgLa seconde mention récompense Short Term 12 de l’Américain Destin Cretton, où la jeune Grace,  s’occupant d’ados à problèmes, est rattrapée par sa propre enfance douloureuse. Sa protagoniste Brie Larson (photo) a par ailleurs été sacrée meilleure actrice. Côté masculin, le trophée a été remporté par le Mexicain Fernando Bacilio, qui porte sur ses épaules l’œuvre plutôt alambiquée des frères Daniel et Diego Vega.

Du souci pour la Piazza Grande

Que la compétition demeure le parent pauvre n’est pas un scoop. En revanche on se fait du souci pour la Piazza Grande qui passe pour l’une des armes maîtresses du festival. Sur les quatorze nouveautés proposées, on n’en retient véritablement que cinq, Gabrielle, Gloria, Mr Morgan’s Last Love, avec un très craquant Michael Caine, ainsi que les films des deux Romands, Lionel Baier avec Les Grandes Ondes (à l’Ouest) et Jean-Stéphane Bron, qui a fait le buzz avec L’expérience Blocher

Pour le reste, si l’on excepte bien sûr Fitzcarraldo de Werner Herzog ou Rich And Famous de George Cukor, on s’est retrouvé avec une programmation presque aussi calamiteuse que l’an passé, entre quelques daubes américaines, une série B italienne ou encore une romance sirupeuse belgo-germanique.

Glamour et rétrospective en guise de piment

-a_star_is_born[1].jpgComme son prédécesseur Olivier Père, Carlo Chatrian a battu le rappel des stars et misé sur la rétrospective pour pimenter son édition. Bien lui en a pris, même si ce sont des arbres qui cachent la forêt. A l’image d’Otto Preminger l’an dernier, George Cukor, le maître de la comédie hollywoodienne, justifiait à lui seul le voyage au Tessin.

Rappel pour ceux qui auraient manqué l’événement, trente-cinq films de l’intégrale sont programmés du 29 août au 31 octobre à  la Cinémathèque suisse à Lausanne. De leur côté, les Cinémas du Grütli en proposent une vingtaine à Genève du 21 août au 10 septembre. A vos agendas!

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