Cinéma: "Les amants passagers", un gros raté de Pedro Almodovar (26/03/2013)
Quelle mouche a donc piqué Pedro Almodovar pour qu’il se laisse aller à une médiocrité si indigne de lui dans Les amants passagers ? Avec cet improbable retour aux sources, le réalisateur livre une comédie qui se veut loufoque, provocatrice, transgressive, déjantée et kitchissime. Seulement dans sa tête, hélas!
Le cinéaste a situé son 19e long-métrage dans un avion qui, au départ, devait se rendre à Mexico. Mais, victime au décollage d’une panne technique qui l’empêche de poursuivre sa route ou de se poser, il est obligé de tourner en rond au-dessus de l’Espagne. L’intrigue se déroule ainsi entre la cabine des pilotes, l’office du personnel de bord, tous gays ou bi, et quelques obsédés sexuels de la classe affaires.
Parmi eux une voyante provinciale quadra en quête de dépucelage, un tueur à gages, une maquerelle qui fiche la trouille au gratin politique, un financier véreux, un séducteur d’opérette ou encore un couple de jeunes mariés en chaleur. Imaginant leur dernière heure venue, ils se dévoilent, tandis que les stewards jouant leurs grandes sucrées façon cage aux folles grossièrement revisitée, tentent de les réconforter à coups de cocktails explosifs à la mescaline.
De leur côté, drogués aux anxiolytiques, les passagers de la classe éco dorment, échappant aux galipettes de la business dans cette farce lourdingue, louvoyant grossièrement entre l’hymne à l’homosexualité (si on la nie on ment..) et le message politique. L’appareil coincé dans le ciel ibérique est en effet censé renvoyer à une société espagnole en crise, que le gouvernement va contraindre à un difficile atterrissage forcé.
Rien à sauver dans ce laborieux huis-clos couronné par une chorégraphie démente de trois stewards sur I’am so excited des Pointer Sisters (photo). Cette sitcom pathétiquement ringarde, vulgaire et caricaturale est saturée de surcroît de couleurs agressivement criardes. Antonio Banderas et Penelope Cruz ont été bien inspirés de n'y faire qu’une apparition. Il reste à espérer que ce gros ratage n’est que... passager pour le grand Almodovar qu’on aime.
Nouveau film à l’affiche dès mercredi 27 mars dans les salles romandes.
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