Cinéma: "Blanche-Neige" revisité par l'Espagnol Pablo Berger. Un somptueux muet en noir et blanc (30/01/2013)

images[2].jpgBlanche-Neige a beaucoup inspiré les réalisateurs ces derniers mois. Après deux adaptations américaines des aventures de la célèbre héroïne, c’est au tour de l’Espagnol Pablo Berger (photo)de détourner le conte des frères Grimm, pour nous livrer une version muette au noir et blanc somptueux. 

Voilà qui nous rappelle évidemment The Artist, qui a coiffé au poteau l’infortuné cinéaste, qui s'était  attelé au projet il y a un bon bout de temps. Sans doute Blancanieves, également nominé aux Oscars, ne connaîtra pas le fabuleux destin du film de Michel Hazanavicius. Il n’en séduit pas moins par l’excellence de l’image, de la réalisation, des comédiens, ainsi que par le côté émouvant et original de l’intrigue. 

Transposée dans les années 20 espagnoles, dont le réalisateur propose une minutieuse et splendide reconstitution, la fameuse histoire est ici celle d’une petite fille qui ne connaissait pas sa mère biologique. Sa belle-mère, redoutable marâtre (jouée par Maribel Verdu qui présente une ressemblance troublante avec Rachida Dati…), la déteste. Pour lui échapper, elle s’enfuit et décide de devenir un célèbre toréador, comme son père. Elle est accompagnée de sept nains, petits toréros protecteurs, qui s’exhibent dans les fêtes foraines.

De passage à Genève, le chaleureux et sympathique Pablo Berger, 51 ans, auteur de Torremolinos 73, un immense succès commercial dans son pays, nous parle de son second long-métrage, à la fois une comédie musicale, un mélodrame poignant, une belle histoire d’amour et un hommage au cinéma européen, aux Renoir, Duvivier, Murnau ou Pabs. 

"J’adore les films muets. J’avais 18 ans lorsque j’en ai vu un pour la première fois à San Sebastian.  j’ai ressenti des choses jamais éprouvées auparavant. Je me suis alors juré qu’un jour j’en ferai un. Cela m’a pris 25 ans".

Malheureusement, vous arrivez après le triomphe quasi planétaire de The Artist.

Je reconnais que je n’étais pas très heureux que The Artist gagne la course. C’est d’autant plus frustrant que je l’avais commencée avant. Mais j’ai eu énormément de mal à financer le film. Cela m’a demandé plus de trois ans.

Finalement, l’avez-vous vécu comme un handicap ou un atout ?

Les deux. D’un côté l’élément de surprise n’existait plus et de l’autre, pour le public aujourd'hui, un film muet n’est plus si étrange. J’ai positivé le côté négatif de l'affaire. Il faut avancer. Surfons sur la vague me suis-je dit. Les deux films sont très différents. J’ai beaucoup aimé The Artist, que je trouve à la fois magnifique et très drôle.

Vous surfez aussi sur la vague du sujet, dont on a vu deux longs-métrages l’an dernier. 

C’est vrai. Toujours ce retard pour une question d'argent. Au départ j'avais choisi ce conte parce que le genre offre plein de possibilités, d’intrigues et de sous-intrigues notamment.

Pourquoi faire de Blanche-Neige un toréador vedette, qui  marche sur les traces de son père?

2583_gl[1].jpgJe ne voulais pas en faire une simple princesse alors qu’à l’époque, le toréador était un roi en  Espagne. Sinon un mythe. 

Comment ont réagi les comédiens?

Ils ont été les premiers à se déclarer enchantés par l'idée. Maribel Verdu était sous le charme. Elle n’avait jamais joué un tel personnage de méchante. Et puis, en général, les acteurs s'abritent derrière les dialogues. Là, leur absence leur donne une incroyable liberté. Pas besoin de mémoriser de surcroît.

Un mot sur les nains toréros qui veillent sur votre Blancanieves.

Ils ont été très longs à trouver. J’ai parcouru toute l’Espagne pour les dénicher. Trois d’entre eux sont des professionnels.

Le film a cartonné en Espagne et il est nominé pour l’Oscar du film étranger. Que du bonheur pour vous.

Absolument. C’est aussi une énorme responsabilité et un grand honneur. J’avoue que je suis ravi. Et si j’obtiens une statuette, peut-être cela créera-t-il un véritable phénomène. En tout cas, le tournage était  pour moi un moment si joyeux  qu’il m’est difficile de revenir au 21e siècle. Raison pour laquelle, j’envisage un autre film  muet en noir et blanc.

Film à l'affiche dans les salles romandes, mercredi 30 janvier.

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