Eurofoot: les Français avancent en reculant. Pour mieux sauter? (22/06/2012)
C’est fou ce qu’ils aiment jouer à se faire mal. Ou peur. Depuis mardi soir, les médias français en souffrance se répandent sur cette douloureuse défaite des Bleus, humiliés par des Suédois éliminés du tournoi. Vilipendant leurs misérables compatriotes à côté de la plaque ainsi que leur déplorable attitude pleine de suffisance, tous continuent à manquer de mots pour qualifier l’inqualifiable.
A écouter les spécialistes hexagonaux de la télé commentant et recommentant à l'envi le match contre ces fiers Vikings, à lire la presse du lendemain et du surlendemain, on a l’impression de se retrouver en 1998, où les médias avaient lynché cette pauvre France et son sélectionneur, le si mal Aimé Jacquet avant le début des hostilités.
Pour tomber en pâmoison à leur premier succès et y rester jusqu’à la finale, où les Tricolores en état de grâce avaient battu le Brésil. Un triomphe qui avait en outre propulsé Zidane dans une autre dimension. C’était la naissance du mythe.
Depuis, les journalistes traumatisés par leur manque de jugeote, n’osaient plus trop la ramener lors des contre-performances de leur équipe, attendant d’être absolument convaincus de sa nullité crasse pour oser étaler leur rancœur en la clouant férocement au pilori.
Comme au Mondial sud-africain, où le tabou avait rapidement explosé. Pareil pour ce qui devient carrément "l’affaire de Kiev", suite à une engueulade paraît-il monstre dans les vestiaires, avec Samir Nasri et Hatem Ben Arfa (photo) au banc des accusés. Jeudi soir on nous racontait sur M6, avec des trémolos dans la voix, que les joueurs risquaient de tout faire sauter!
Du coup, je me dis que j’ai des chances de ne pas trop me tromper en misant audacieusement sur eux. Et pour cause. Dotés à leur habitude d’un pot pas possible, nos coqs sont heureusement sortis de la poule, décrochant grâce aux Anglais ne se faisant pas prier pour tirer les premiers, leur qualification pour les quarts de finale.
Un billet, même s'ils doivent affronter samedi les redoutables Ibères, qui pourrait les emmener plus loin. Bien que les experts français du crampon clament qu’ils ne le méritent pas, au vu d'un engagement affligeant les ayant honteusement forcés à passer la rampe par un trou de souris.
Paroles, paroles. Car je les connais, ces prétendus outragés. Ils nous chantent la grande scène du II, mais en réalité, je suis quasi certaine qu’à part une insignifiante poignée de sincères amoureux du beau jeu, la plupart s’en balance de cette défaite en forme d'avertissement sans frais. En effet, qu'importe la largeur de l'ouverture de la porte, lorsqu'il suffit d'en franchir le seuil. Et puis en somme, deux pas en avant et un en arrière, c’est ce qui s’appelle reculer pour mieux sauter…
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