Festival de Locarno: passion, science-fiction et sexe à l'américaine (05/08/2011)
Si la course au Léopard d’Or n’avait pas trop bien commencé, elle s’est arrangée au troisième jour du Festival. Outre Vol Spécial de Fernand Melgar sur les requérants d’asile expulsés dont nous parlerons demain en compagnie du cinéaste, deux autres films se font remarquer. A commencer par Un amour de jeunesse, qui clôt une trilogie de la jeune et talentueuse réalisatrice française Mia Hanson-Love.
Elle propose une oeuvre en trois actes aux accents rohmériens, qui commence en 1999. C’et l’hiver à Paris. Camille, 15 ans, romantique et possessive, voue une folle passion à Sullivan, 19 ans. Il dit l’aimer, mais alors que personne d’autre n’existe pour la jeune fille, il refuse d’être tout pour elle. Il décide de partir en Amérique du Sud, promettant d’écrire. Les lettres s’espacent, puis cessent. Désespérée, Camille fait une tentative de suicide au printemps.
Trois ans plus tard, elle a changé de look, coupé ses cheveux et suit un cours d’architecture. Plongée dans son travail pour se libérer de Sullivan, elle tombe amoureuse de Lorenz, son professeur. Il est plus âgé qu’elle mais ils semblent avoir une relation solide. En 2007 pourtant, Camille croise Sullivan réapparu par hasard. Ils deviennent amants avant que Camille se décide enfin à tourner définitivement la page.
Un film à la fois léger et profond, plein d’originalité et de grâce en dépit d’un sujet rebattu sur la passion adolescente et le triangle amoureux. Inspiré, nourri et habité de sentiments vécus par son auteur, il montre une héroïne qui se transforme et évolue au contact de deux hommes qui ne jouent pas l’un contre l’autre.
Tout en donnant une importance singulière à l’architecture, une discipline qui la stimule, Mia Hansen-Love a choisi Lola Créton (photo)pour le rôle de Camille. Bouleversante et solaire, elle donne la réplique à Sebastian Urzendowsky, étonnant dans une interprétation un peu fausse et décalée.
Science-fiction atypique
Toujours en compétition mais un poil en-dessous, Another Earth, premier long-métrage de l’Américain Mike Cahill, co-auteur du scénario avec son actrice principale Brit Marling. Alors que la Terre se découvre une planète jumelle, les chemins de Rhoda Williams, jeune étudiante prometteuse au MIT et John Burroughs, compositeur au sommet de sa carrière, se croisent à l’occasion d’une tragédie qui va modifier leurs vies.
Ce film atypique et déroutant, sans effets spéciaux, joue à la fois sur la science fiction avec l’apparition d’une deuxième Terre laissant supposer que nous existerions parallèlement, ainsi qu’une histoire d’amour compliquée entre un homme en morceaux et la jeune fille qui a détruit sa vie en quête de pardon. Un mélo qui séduit en dépit de son côté moralisateur et de quelques scènes franchement nazes.
Pas autant toutefois que sur la Piazza Grande, qui joue la futilité avec Friends With Benefits. Une daube américaine de Will Gluck qui se laisse pourtant voir malgré Justin Timberlake. Une chasseuse de têtes newyorkaise et son principal candidat débarqué de San Francisco sont immédiatement attirés l’un par l’autre. Mais ils définissent aussitôt une règle stricte. Du sexe, rien que du sexe pour le fun et surtout pas de sentiments. A d’autres, comme vous pouvez l’imaginer…
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