Festival de Locarno: entre politique et pellicule (04/08/2011)

didier.jpgGros événement culturel helvétique de l’année, le festival de Locarno ouvert mercredi soir est aussi, comme disent les Anglais, « the place to be » pour les politiques. Surtout en cette année électorale.

 

 Le conseiller fédéral Didier Burkhalter a donc profité du traditionnel risotto du Monte Verità pour annoncer que Berne mettrait un peu plus de beurre dans la pellicule entre 2012 et 2015. Les subventions pourraient ainsi être augmentées en fonction du succès des films (entrées en salles et accueil dans les festivals). Par ailleurs la révision des régimes d’encouragement au cinéma prévoit un soutien renforcé à l’élaboration des scénarios et aux coproductions à l’étranger.

 

Calmy-Rey jette un froid

 

Tandis que le ministre de la Culture amenait quelques sourires chez les professionnels de la branche, la présidente Micheline Calmy-Rey a elle déçu Fernand Melgar. Contrairement à ce qui avait été annoncé, elle n’assistera pas à la première de son film Vol Spécial, où trois ans après La forteresse, le réalisateur suisse poursuit sa croisade en se penchant sur le renvoi des sans papiers et les requérants d’asile déboutés.

 

Mais si les politiques accaparent comme toujours les journalistes à l’aube de la quinzaine locarnaise, les festivaliers s’adonnent à d’autres plaisirs. Notamment sur la Piazza Grande  où Magali Noël a poussé la chansonnette avant la projection gratuite d’Amarcord de Fellini, pour assister le lendemain au message de bienvenue, par vidéo interposée, de Kirk Douglas, sans doute le nonagénaire le plus célèbre de la planète.

 

Tout cela avant que Super 8 ne lance véritablement  la manifestation. Après cette incursion remarquée, pleine d’action et d’émotion dans l’univers de Spielberg signée J.J. Abrams, changement radical de ton et pas pour le mieux avec Headhunters du Norvégien Morten Tyldum.

 

Roger Brown, petit par la taille mais redoutable requin dans son métier de chasseur de têtes, accessoirement voleur de tableaux pour arrondir ses fins de mois, devient la proie d’un candidat à qui il pensait dérober un Rubens. Pour lui le coup du siècle. Mais l’auteur, voulant prouver que le polar scandinave ne se réduit pas à Millenium a raté le coche avec cette adaptation d'une rare invraisemblance et  ridiculement sanguinolente de l’excellent roman de son compatriote Jo Nesbo.

 

Réussite du Bâlois Tim Fehlbaum, mais laborieux début en compétition

 

Premier passage au long-métrage à l'inverse réussi pour le jeune cinéaste bâlois Tim Fehlbaum avec Hell, un film de science-fiction apocalyptique, très tendance depuis quelques années. Il a d’ailleurs été coproduit par le spécialiste du genre Roland Emmerich, fan des courts de l’auteur.

 

Le soleil a transformé la terre en désert aride où seuls ceux qui se protègent de sa lumière aveuglante ne sont pas morts. A l’image de Marie, de sa sœur Leonie et de Phillip, qui roulent vers les montagnes en espérant y trouver de l’eau. En chemin ils embarquent Tom, qui s’y connaît en mécanique. Pris dans une embuscade, tous quatre vont connaître l’enfer pour survivre.

 

Côté compétition, on reste pour l’instant autant sur sa soif que nos voyageurs. Qu’il s’agisse de Beirut Hotel de Danielle Arbid qui permet surtout à Charles Berling, avocat soupçonné d’espionnage de coucher avec une voluptueuse Libanaise. Ou de Best Intentions du Roumain Adrian Sitaru, qui nous soule avec son héros. Déjà névrosé à la base, ce fils unique disjoncte complètement lorsque que sa mère est transportée à l’hôpital.

 

Plus insupportable c’est difficile. Bonne nouvelle pourtant, nous n’en sommes qu’au début de l’aventure.     

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