Les oreilles et la queue pour un Nadal survolté! (02/04/2011)
J’aime bien l’euphémisme du titre: Nadal «écarte» Federer à Miami. Alors qu’il l’a pour le moins écartelé, sinon proprement écrabouillé en même pas 80 minutes! De quoi craindre le pire. Si jusqu’ici on avait souvent eu droit à des finales de rêve entre les deux hommes, on risque dorénavant de ne plus assister qu’à des demi-finales de cauchemar. Pour autant évidemment que la légende, actuellement très surfaite, parvienne jusque là.
Pas de service, pas de coup droit, pas de revers, pas de lob, pas de smash, pas de slice, pas d’amortie, pas de volée, pas de passing. Juste quelques vagues coups gagnants, dont se montre sans problème capable le millième mondial.
En résumé, aucun atout pour espérer désarçonner un tant soit peu le matador de Manacor mâtiné de picador. D'une rare cruauté, il s’est livré à une véritable corrida sur le Central floridien. S’adjugeant une quinzième fois, les doigts dans le nez, les oreilles et la queue d'une bête blessée dès l’entame de la rencontre.
A se demander d’ailleurs comment Rodgeur a réussi à remporter cinq jeux face à l’Attila des courts plus survolté que jamais. Le malheureux était à ce point à la rue, que le commentateur de la TSR n’avait pas souvenir de l’avoir vu malmené de la sorte par son adversaire. Il a la mémoire courte, c’était pire à Roland Garros en 2008 pour l'obtention du trophée, où Federer avait pathétiquement décroché quatre jeux en trois sets.
Comme d’habitude quand il perd, le Bâlois a accusé un jour sans sur une surface trop lente qui ne lui convenait pas. Rien de grave, il sait qu’il peut encore accomplir de grandes choses. Il est hélas de plus en plus seul dans la confidence. Même si, par charité chrétienne, quelques spécialistes l’espoir chevillé au corps continuent à lui accorder courageusement le bénéfice du doute.
Dans mon dernier billet, je comparais le maestro en délicatesse avec son tennis à Ottmar Hitzfeld dans son refus pathologique de se remettre sérieusement en question. Mais là, il me paraît plus proche de Michel Pont, quasiment persuadé que la qualification à l'Euro 2012 reste possible pour les Helvètes, même en cas de revers contre les Anglais en juin à Wembley! Décidément un électrochoc s’impose pour les deux hommes, histoire de revenir rapidement à la réalité.
Bref, ce match fut éprouvant. Mais à tout prendre, j’ai préféré regarder Rodgeur subir la loi de Nadal plutôt qu'envisager l’insupportable, une quatrième défaite de suite contre Djokovic. Et à mon avis, Sa Grâce doit appeler le triomphe de son pote espagnol de ses vœux. L’hypothétique renaissance du phénix passe en effet aussi par là.
Car si d’aventure Rafa au sommet de son art échoue contre Nole, même labellisé intouchable depuis le début de l’année, je ne vous raconte pas la dimension tragique que prendrait l’échec déjà cinglant du Suisse. Et du coup sa difficulté à remonter une pente dantesque. A côté, pour lui, l'Everest ressemblerait à une montagne à vaches!
P.S.-Et voilà, ce que je craignais est arrivé. Djokovic a de nouveau méchamment frappé. Mais si Federer se voit désormais condamné aux travaux d'Hercule, il peut dans le fond aussi se dire que tout comme lui, Nadal n'y arrive plus. Ne manque qu'une défaite de rang pour que l'Ibère et l'Helvète se retrouvent à égalité face au monstre serbe!
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