Suisses et Français dans un même bateau (10/10/2009)

Très rude tâche ce soir pour les Helvètes. Non seulement nos footeux sont condamnés à laver, avec panache de surcroît, cette infamante souillure qui leur colle aux corps et au cœur depuis l’an dernier, mais ils vont tenter d’entrer dans l’Histoire du ballon en inscrivant un millième but à leur palmarès. Pour autant qu’ils en mettent trois, parce qu’actuellement ils n’en sont qu’à 997.
Mille goals, à première vue, ça vous a plutôt fière allure, non?. En y regardant de plus près pourtant, je reste un brin songeuse, car il leur a fallu la bagatelle de 700 matches et de 104 ans pour en arriver là. Il me suffit de penser à Pelé, qui en a réussi 1281 en quelque quatre lustres, pour réaliser l’extrême relativité de l’exploit des Rouges.
Sans compter qu’en face, il y a juste de paisibles et modestes fonctionnaires luxembourgeois. Remarquez, pour me consoler, je me dis que les Suisses ne sont pas les seuls à devoir se battre comme des chiens avec des nobodies pour espérer toucher éventuellement au Graal du crampon.
Les Français se trouvent dans un même bateau. Je sais, c’est infiniment plus grave, le leur étant quasiment à deux doigts du naufrage, façon 1993. En pire étant donné qu’en l’occurrence ils ne contrôlent absolument pas la situation. Et cela malgré les rodomontades, pour cacher sa peur, de Domenech. Figurez-vous que le brave Raymond se voit déjà en tête du groupe…
Les illusions rendent les fous heureux, prétend-on. La preuve. Les Bleus doivent d’abord cartonner à mort contre les Iles Féroé dans «l’enfer de Guingamp». On se pince, huit buts en six matches n’incitant franchement guère à un optimiste béat. Ensuite il faudrait que la Serbie ne gagne pas contre la Roumanie. Ou enfin que la FIFA lui retire des points en raison du comportement scandaleux de ses supporters. Qui seraient en réalité des Hexagonaux déguisés en Serbes… Bref, vous imaginez dès lors la valeur intrinsèque de ces malheureux Tricolores!
Certes, on entend des spécialistes affirmer haut et fort que si la Suisse et la France ne parviennent pas à écraser des équipes aussi faibles, elles n’ont vraiment rien à faire au Mondial. Mais outre que ces vertueux experts n’en pensent sans doute pas un mot, flanquer la pâtée à des sous-nazes ne signifiera nullement qu’elles seront dignes l’une et l’autre d’aller se royaumer en Afrique du Sud. Surtout pour se laisser éliminer sans gloire au premier tour.

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