Je suis en plein mélo psychédélique avec Gaspar Noe (23/05/2009)
L’un des films les plus attendus de la compétition, c’était «Soudain le vide», du très controversé Gaspar Noe. Vous vous en souvenez, il avait scandalisé la Croisette pour rien avec «Irréversible» il y a sept ans. Là il nous propose un trip expérimental suivant l’esprit d’un jeune agonisant dans un Tokyo apocalyptique, avec visions pré-mortem chaotiques et cauchemardesques.
Tourné presque entièrement en caméra subjective, ce mélodrame psychédélique qui se laisse voir bien qu’interminable raconte, à grand renfort de sexe et de drogue, la relation fusionnelle et non pas incestueuse comme certains peuvent l’imaginer, d’un frère et d’une sœur, unis par un pacte de sang après la mort de leurs parents.
Sans doute étiquetée chef-d’œuvre ou daube, l’œuvre va faire jaser sur la Croisette. Le contraire serait humiliant pour son auteur. Juste en passant, après l’excision de Charlotte Gainsbourg, on a eu droit en direct à l’avortement de Paz de la Huerta, l’actrice principale de Noe, et à un gros plan sur le fœtus délicatement recomposé dans sa petite bassine.
Beaucoup plus sage mais presque aussi long, «A l’origine» de Xavier Giannoli, qui nous livre une intrigue extraordinaire, tirée d’une histoire réelle. Il s’agit d’un petit escroc qui construit une autoroute et se fait graisser la patte par les fournisseurs locaux pour arrondir des fins de mois plus que difficiles. Une affaire qui tombe pile-poil dans la crise actuelle. Alors justement, Face à la confiance que lui témoignent les gens du coin anxieux de perdre leur boulot, le voyou devenu patron fait tout pour se racheter. Plutôt piquant à l’heure des patrons voyous et sans scrupule…
On passe à tout autre chose avec «Le ruban blanc», premier film en allemand de Michael Haneke. En noir et blanc, il se déroule dans un petit village avant La Grande Guerre. Une œuvre fascinante et rigoureuse sur les dangers de la rigueur, de la frustration et de la souffrance qui provoquent la violence, voire la mort. J'aimerais bien le voir au palmarès. Mais je reviendrai plus largement sur cet aspect des choses. Il reste encore deux films en concours.
Pour changer complètement de sujet, figurez-vous qu’un «Monty Python», ça craint drôlement les morsures. Contrairement à Francis Ford Coppola qui n’imaginait pas une seconde ne pas participer à la course et a préféré se présenter à la Quinzaine des réalisateurs, Terry Gilliam, lui, avait les chocottes. Du coup, il a bien voulu venir à Cannes mais à la condition expresse que son « Imaginarium du docteur Parnassus » ne soit pas en compétition. Simplement parce qu’il ne supporte pas de perdre.
Ce qui laisse supposer qu'il ne se voyait pas en vainqueur. Il avait raison. Je suis peu emballée par ce conte fantastique et contemporain, où un père qui a pactisé avec le diable, entreprend une folle course contre la montre pour sauver sa fille des griffes du Malin.
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