Le cours de poésie après la leçon de piano (16/05/2009)

bright star.jpgC’est parfois à se demander si les sélectionneurs ont toujours les yeux en face des trous. Car franchement, j’hallucine en imaginant qu’ils ont refusé le «Tetro» de Francis Ford Coppola évoquant la rédemption d’un écrivain à la dérive, mais qu’en revanche, ils ont sélectionné «Thirst». Une horreur purulente de Park Chang-Woo, sur les ébats torrides et dégoûtants d’un prêtre viré vampire, aussi assoiffé de sexe que de sang.

 

Juste en passant, ils sont tous sacrément hot, les Asiatiques cette année. Sauf que ça ne suffit pas à emporter le morceau, si j’ose dire. Et qu’en l’occurrence, Emile Zola a dû se retourner dans sa tombe, étant donné que le réalisateur sud-coréen, qui avait remporté le Grand Prix du jury en 2004 avec «Old Boy», s’est inspiré de Thérèse Raquin. En plus c’était interminable et je suis rentrée à point d’heure dans mon gourbi à la moquette mitée.....

Aussi ne vous raconté-je pas le choc culturel, en me retrouvant au petit matin après une course effrénée sous des trombes d’eau, plongée dans l’Angleterre du début du dix-neuvième siècle. Pour suivre la passion certes ravageuse et contrariée, mais tout de même légèrement plus corsetée dans son exposition physique, entre le jeune poète Keats et sa voisine Fanny Brawne. Il s’agit donc de «Bright Star» (photo), de Jane Campion, la seule femme à avoir remporté une Palme d’Or avec «La leçon de piano» il y a seize ans. Seigneur, comme le temps passe…

 

Applaudissements polis lors de la projection et de la conférence de presse. Je reconnais que je n’ai pas été non plus absolument transportée par cette histoire a priori bouleversante, mais finalement moins éclatante que son titre. Basée sur des lettres, elle est vue sous un angle intime et par les yeux de Fanny. Une folle de mode et de couture pleine d’esprit, combinaison assez provocante pour l’époque, et qui finit par tomber amoureuse des vers et de leur auteur.

 

Picturalement, c’est très beau. Côté interprétation, la pétillante et superbe Abbie Cornish assure, tandis que le rôle de John Keats va mieux qu’un gant au torturé et un rien maladif Ben Whishaw, révélé dans «Le parfum». Ils ont d’ailleurs avoué avoir donné le meilleur en restant eux-mêmes… Malgré cela, je serais étonnée que Jane Campion réussisse à s’imposer une nouvelle fois sur la Croisette, exploit qu’elle tente avec Quentin Tarantino, Lars Von Trier et Ken Loach

 

A propos, ce dernier a fait une émule en concours, Andrea Arnold, qui nous propose une vision de la dure réalité sociale britannique à travers Mia, une ado paumée, sa jeune sœur Tyler, une vraie peste jurant pire qu’un charretier et leur mère, alcoolique et vulgaire, plus intéressée par les mecs que par ses filles. Mais si ça ressemble à du Ken Loach, si ça se veut du Ken Loach, ce n’est pas du Ken Loach…

 

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